Le Mont Saint Michel prend toute sa force du paysage dans lequel il se dresse. Il est le seul point d’intensité dans la planéité infinie des grèves. Pour cette raison le projet s’est donné comme impératif de ne pas perturber le génie du lieu lié à ce statut ambigu et à l’absence de repères et d’échelle. Le regard du visiteur devra continuer à se perdre ; sa promenade sera le lieu de sensations d’immersion dans une immensité.
Cette lecture du site nous a conduit à retenir un parti d’horizontalité totale au plus près du plan des grèves et à concevoir un ouvrage aussi fin que possible.
Le tracé de l’ouvrage dans le site est l’aboutissement de ces choix préalables croisés avec les contraintes hydrologiques. L’ouvrage file au niveau + 9.50 pour répondre aux impératifs d’insubmersibilité.
L’ouvrage proprement dit est composé de deux séquences en continuité : la digue et la jetée terminée par la cale.
La digue est une levée de terre empierrée sur un profil trapézoïdal très ouvert. La jetée, que prolonge naturellement la digue, est une lame au profil très comprimé en porte-à-faux sur une double rangée de piliers fins (30 cm de diamètre) qui viennent en retrait tous les 12 mètres. Transversalement ils sont espacées de 6m60. Le choix d’une portée de 12 mètres, outre qu’elle participe à l’expression recherchée d’une jetée portée par des pilotis, permet d’assurer la finesse du tablier et de maintenir la sveltesse des piliers. La sous-face du tablier est légèrement biaise pour répondre aux charges différenciées des cheminements latéraux.
Les piliers sont réalisés avec un noyau d’acier plein enrobé d’une couche mince de béton anticorrosion. Les poteaux sont encastrés dans le plateau qu’ils supportent, lui-même précontraint et d’une épaisseur totale de seulement 75 cm comprenant les 20 cm du revêtement et du décaissé.
La chaussée se scinde en trois bandes distinctes : deux passages piétons recouverts d’un platelage de chêne d’une largeur courante de 4 m et 1,50 m, de part et d’autre de la chaussée centrale. La chaussée centrale est réservée à la circulation des navettes (largeur courante 7,00 m), en décaissé de 10 cm, traitée elle en béton et entaillée de trois réserves pour le passage des fluides. Cette bande centrale est recouverte de dalles minces de béton armé de fibres.
À partir de la jetée et jusqu’à la cale, les deux bandes des cheminements piétons se dégagent sur des consoles métalliques en porte-à-faux de la chaussée centrale portée par les pilotis. La bande centrale devient alors la colonne vertébrale de l’ouvrage.
Projet du Mont-Saint-Michel dans son ensemble / Site du Syndicat Mixte du Mont-Saint-Michel
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